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De nos jours, nous avons tous tendance à courir pour tout et partout, que ce soit pour boucler des tâches ou résoudre des situations. C’est pour cela que le burn-out est insidieux et s’expliquent au travers de choses qui peuvent parfois sembler insignifiantes, mais qui sont pourtant lourdes de conséquence…
- L’ampleur -
La Haute Autorité de la Santé (HAS) définie le burn-out comme un état d’épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations exigeantes sur le plan nerveux et émotionnel. Vivre un burn-out est une épreuve de vie extrêmement difficile. Ordinairement précédé de signaux d’alerte, et nous réduisant à peau de chagrin, dont toutes les cordes sont sensibles.
Toutefois, il ne faut pas s’y méprendre, les sujets atteints ne sont pas des personnes fragiles, instables ou incompétentes. Il s’agit habituellement de personnes plus résistantes que la moyenne, ayant une éthique professionnelle d’une loyauté sans bornes qui les poussent à faire plus avec moins et de dépasser les limites du raisonnable.
Le burn-out submerge, renverse, happe et peut pousser au suicide. Mais malgré l’horreur de vivre ce vide intégral, il peut aussi devenir une opportunité : une occasion de réfléchir, de s’écouter, de faire le point, de changer, de faire autrement… et surtout de prendre soin de nous. Comme une tempête qui raserait tout et nous obligerait à prendre un nouveau départ.
- Juste un peu stressé -
La différence entre « être stressé » et « être en burn-out » se joue à un cheveu. Il est nécessaire de reconnaître et d’admettre notre état. Cette prise de conscience nous permet d’identifier et de pouvoir d’adresser nos maux à notre médecin traitant, notre thérapeute et notre employeur. C’est ainsi que nous pourrons commencer à guérir et éviter de nous retrouver, une nouvelle fois, au bord du précipice.
Il faut identifier la source de notre mal : mauvaise communication, conflit, charge de travail, esprit de compétition, masse de problèmes à traiter, consignes contradictoires et manque de considération/reconnaissance, sans parler de devoir palier au retard des autres. Le mot d’ordre est de nous écouter et d’initier des changements essentiels et/ou de simplement changer d’air.
Les ressentis du burn-out sont extrêmes et deviennent rapidement incontrôlables :
CHANGEMENT D'HUMEUR : Généralement une personne joyeuse, nous remarquons que, depuis un certain temps, notre bonne humeur s'est estompée. Nous sommes devenus cyniques, irascibles et notre colère ne semble pas s’estomper et nous ronge.
FATIGUE ET MALADIE : Nous avons toujours été en assez bonne santé, mais dernièrement, nous nous sentons constamment épuisés/vidés, nous avons du mal à dormir, nous ne parvenons plus à nous reposer, à nous relaxer. Nous sommes de plus en plus en proie à la maladie : le moindre microbe qui passe est pour nous.
DOUTE ET INATTENTION : Alors que nous avons toujours été minutieux, précis et décisifs, nous remettons désormais tout en question : nous doutons de nos choix et de nos actions. Nous n'arrivons plus à nous concentrer ou penser clairement, à tel point que nous commettons des erreurs stupides, récurrentes ou oublions des choses. Là où nous étions satisfaits de nous-mêmes, de notre travail et de nos relations, sans comprendre d’où cela vient, nous sommes désormais critiques sur tout ce que nous faisons, disons, pensons, vivons et de notre entourage.
- Ce qui nous pousse à en faire trop -
Notre montée de stress est proportionnelle à la difficulté et à la complexité de nos tâches. Ce niveau augmente lorsque l’exigence et la demande technique dépassent nos connaissances ou sortent de notre zone de confort. Cela peut être résolu par la préparation et le développement de nouvelles compétences appropriées.
Malheureusement, tous nos comportements n’ont pas de solutions aussi simples et certaines d’entre elles peuvent nous pousser naturellement à l’excès :
LE PERFECTIONNISME : Atteindre la perfection est une quête vaine et contre-productive. Elle ne rabaisse pas seulement notre estime personnelle, mais elle nous fait aussi perdre du temps sur des éléments qui n’en valent pas la peine. Si des remarques nous sont faites, nous les noterons et ferons mieux la prochaine fois, mais il n’est pas nécessaire de nous flageller (nul n’est parfait).
LE BESOIN DE TOUT CONTRÔLER : C’est un effet pervers qui nous empêche de déléguer et de faire confiance à qui que ce soit. Nous ne sommes pas responsables du retard pris par les autres, nous n’avons pas à faire le travail des autres, ils doivent aussi justifier leur salaire. Chacun est libre de travailler à sa façon, nous devons nous accommoder et non y palier.
L’HEROISME/LE MARTYRE : Ne nous voilons pas la face, il s’agit d’une tentative illusoire d’attirer l’attention sur nous, dans l’espoir d’obtenir de la reconnaissance. Malgré que nous ayons toujours le sourire, l’envie de rendre service, que nous jonglons avec les impératifs, nous serons toujours déçus. Nous nous éparpillons et nous nous noyons sous le poids des choses, nourrissant du ressentiment pour ceux qui jouent le jeu de la carotte (qui devient bâton) et qui en ajoute à notre douleur, au lieu de nous voir.
L’ANTICIPATION EXCESSIVE : Imaginer le pire scénario n’est pas une approche négative du travail, cela nous permet de mettre en place des solutions alternatives lorsque les choses tournent défavorablement. Toutefois, si nous n’y prêtons pas attention, cela peut devenir une source d’anxiété et tourner à l’obsession ou aux troubles compulsifs du comportement.
NOUS DEFINIR PAR LE TRAVAIL : En tant qu’artistes ou musiciens, nous sommes très investis dans notre travail, car il est représentatif de notre identité, de notre essence. Dès lors, quand une œuvre ou un spectacle est critique, mis à mal ou ne fonctionne pas comme nous l’espérions, il est difficile de ne pas le prendre personnellement et de ne pas porter le poids de cet échec. Mais nous ne sommes pas les seuls, certaines personnes se définissent au travers de leur travail et les retours et/ou résultats négatifs ont des conséquences accablantes et destructrices.
- Nous en dépêtrer -
Parler de notre burn-out est essentiel pour progresser et éviter toute rechute. Transformer une expérience de vie difficile n’est pas aisé et notre reconstruction ne se consolidera qu’avec le temps et en donnant du sens/de l’importance à notre vie (Il existe des groupes de parole dédiés aux personnes souffrant ou ayant souffert de burn-out).
Nous devons prendre du recul, scanner notre environnement, notre entourage, nos conditions de travail (lieu, horaires, relations avec les collègues et supérieurs, déplacements, surcharge, bruits, etc.) et intégrer/négocier des changements :
LA CULTURE D’ENTREPRISE : L’écoute favorise la qualité de vie privé et professionnelle, il faut que chacun puisse se sentir intégré et en confiance pour pouvoir progresser.
LES BESOINS MATERIELLES : Créer un lieu de travail confortable est une première étape. Cela passe par l’aménagement de notre espace (type de mobilier) en fonction de notre mode de travail et de nos tâches. Sans négliger les questions ergonomiques (isolation du bruit, luminosité suffisante, hauteur d’écran, qualité de notre assise).
NOTRE AUTONOMIE : En organisant nos heures de travail, via des horaires flexibles et/ou du télétravail, nous pouvons trouver un équilibre entre notre vie privée et professionnelle. Et le bonus est que cela nous prouvera que notre employeur nous fait confiance.
Il faudra aussi nous remettre en question, vu que c’est notre gestion des choses qui nous a participé à cette chute :
PROTEGER L’EQUILIBRE : Notre vie privée est tout aussi importante que notre vie professionnelle. Donc, partons à une heure raisonnable, rester tard juste pour rester tard n’apporte rien, surtout si nous sommes fatigués. Le soir et le week-end (sauf en cas de force majeure) servent à nous déconnecter. Nul ne peut nous reprocher de ne pas être joignable en dehors de nos heures de travail : Ne consultons pas nos e-mails professionnels, notre chat d’entreprise et ne faisons rien en relation avec notre travail. Nous devons recharger les batteries et reprendre notre souffle. Sur la même lignée, nous devons apprendre à déléguer et à dire « NON » pour certaines choses.
NOUS PRESERVER : Nous devons nous reposer, dormir, faire de l’exercice et nous nourrir en suffisance. Si nous nous négligeons, cela portera atteinte à notre santé physique et mentale et à celle de ceux qui nous entourent. Ainsi, lors de nos journées de travail : Faisons des pauses (toutes les 90 minutes), levons-nous, étirons-nous et reposons nos yeux loin des écrans (y compris ceux de nos tablettes et smartphones).
APPRIVOISER NOS PENSEES : Les pensées et émotions se composent en deux familles : Celles qui produisent de l’énergie (la joie, la confiance, la gratitude, la fierté, etc.) et celles qui en consomment (la peur, la jalousie, la déception, la honte, la culpabilité, etc.). Elles fonctionnent comme des messagers, qui puisent dans nos réserves. Nous devons les entendre, faire le tri et réagir en conséquence, si nous ne voulons pas qu’elles épuisent notre capital émotionnel (faisons cela sans nous juger et sans nous sous-estimer).
SE RETROUVER : Pour nous recentrer ou nous redécouvrir, nous pouvons développer des projets à court ou moyen terme, pour nous sentir vivant. Soit en faisant des activités qui nous donne de l’énergie et nous ravivent. Soit en arrêtant de faire des plans sur la comète et en reposant nos méninges. Qu’importe notre choix, l’essentielle est de retrouver notre sourire et surtout de rire, car rire diminue les hormones du stress et augmente notre capital immunitaire.
Conclusions
Il y a un an, jour pour jour, le couperet tombait pour moi… diagnostique : Burn-out! J’ai dû comprendre ma responsabilité dans cette chute pour pouvoir mettre tout en œuvre pour me remettre sur pieds, afin de pouvoir continuer à me montrer efficace au travail, sans me laisser secouer et presser inutilement.
La notion de bien-être est avant tout abstraite et son évaluation est essentiellement subjective. Et lorsque nous sommes passionnés par notre travail, nous ne réalisons pas toujours à quel point nous nous négligeons, ou du moins nous ne prenons pas le temps de peser la charge mentale excessive que nous portons. Nous voulons satisfaire et/ou réussir, mais ces mêmes factures dans les mains de collègues ou employeurs perfides et sans considération, font de nous des candidats de choix pour le burn-out.
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