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Laisser l’autre s’exprimer sans l’interrompre est souvent présenté comme la base évidente de la communication. Il ne s’agit pas nécessairement d’écouter jusqu’au bout un long discours, mais également de le faire dans le cadre d’une pensée qu’on n’a pas encore entièrement exprimée lorsque l’interlocuteur a la parole…
- Quand nécessaire -
Nous devons écouter vraiment, c’est-à-dire faire l’effort de comprendre même quand ce n’est pas passionnant. Le même phénomène se produit lorsque nous nous ennuyons en réalisant une tâche ou en écoutant un discours qui ne nous intéresse pas : nous attendons péniblement que le temps passe.
Dans ce genre de situation, une solution consiste à faire l’effort de s’intéresser vraiment à ce qui se dit, faire comme si nous devions résumer les idées principales. En effet, c’est l’investissement dans la réalisation d’une tâche qui satisfait le cerveau, même s’il s’agit d’une tâche que nous n’aurions pas naturellement choisie, alors que le multitâche est source de frustration.
Ainsi, ne réfléchissons pas à un autre sujet en faisant semblant de suivre une discussion, ne lisons pas nos e-mails et ne répondons pas au téléphone pendant une conférence (sauf si intervenir dans des problèmes fait partie de nos tâches).
- Même si nous savons déjà ce qui va être dit -
En général, quelqu’un qui nous explique une idée souhaite nous apprendre quelque chose. S’il/elle le fait avec cette intention alors que nous maîtrisons déjà le sujet, nous pourrions avoir envie de l’interrompre en lui disant : « Je le sais déjà ».
Pour plusieurs raisons, nous devons accepter cette remise à niveau jusqu’à ce que l’explication soit terminée :
- Même si l’on n’est pas d’accord -
Un point de vue est un point à partir duquel nous voyons différemment la même chose. Nos points de vue dépendent de nos filtres personnels : expériences passées, croyances, valeurs, logique de raisonnement, etc. En acceptant que ce n’est pas une vérité en soit, nous prenons conscience que nous n’avons pas toujours tort ou raison (même si nous en sommes convaincus).
La bonne démarche, lorsque les points de vue divergent, consiste à ce que nous écoutions jusqu’au bout. Ce n’est pas juste une forme de communication, c’est un effort où nous nous mettons à la place de l’autre pour voir les choses à travers son prisme. C’est de là que nous arriverons à mieux convaincre. De plus, cela amènera l’autre à être plus enclin à nous écouter et trouver un accord commun. Donc, lorsque notre interlocuteur a terminé, reformulons éventuellement son idée pour confirmer que nous avons compris et rebondissons avec un rappel des faits et/ou noter avis sur la question.
- Même au risque d’oublier une idée intéressante -
Nous concentrer sur ce que dit l’autre est difficile quand une idée surgit et que nous avons envie de prendre la parole immédiatement. Ce n’est pas facile, c’est une vraie gymnastique de se forcer à écouter la suite du discours quand notre esprit reste focaliser sur d’autres pensées (comme un effet parasite) : nous craignons d’oublier l’idée que nous voulons exprimer.
Pour mettre fin à la frustration d’attendre le moment où nous pourrons intervenir, et éviter de couper le fil de l’histoire en cours, la solution consiste à continuer à s’intéresser à ce qui se dit. Le plus simple est de prendre des notes quand cela est possible ou d’utiliser une technique de mémorisation : visualiser en associant l’idée à une image. L’image qu’on construit peut regrouper au fur et à mesure plusieurs idées (c’est plus facile à retenir qu’une pensée abstraite).
- Couper la parole quand c’est nécessaire -
Quand il s’agit d’échanges et de critiques qui ne sont pas factuelles et constructives, il est nécessaire d’interrompre notre interlocuteur pour rappeler les règles de la conversation. Il faut savoir détecter le moment où il serait nuisible de continuer à écouter : les remarques malveillantes sont des attaques qui peuvent nous empoisonner l’esprit.
Parfois, il suffit d’exiger une approche factuelle pour que l’autre prenne conscience de ses propos, rappelons qu’un point de vue n’est pas une vérité et refusons d’être confronté à la suite de cette discussion si les règles de bienveillance ne sont pas respectées.
Conclusions
Souvent, l’urgence de désapprouver ou l’envie de rassurer nous poussent à rebondir rapidement en interrompant l’autre. Le premier pas consiste à prendre conscience de cette attitude qui nous dessert. Ensuite, c’est tout un état d’esprit à cultiver.
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