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La vie professionnelle a évolué de manière significative ces dernières années. L'essor technologique a bouleversé nos habitudes, nous permettant de travailler partout et à tout moment. Paradoxalement, nous disposons aujourd'hui de plus de temps libre qu'auparavant, mais le surmenage et le burnout restent omniprésents…
- Demi-teinte –
Une enquête récente de l'American Time Use Survey (ATUS) indique que les hommes consacrent en moyenne 5,8 heures par jour aux loisirs, contre 5,1 heures pour les femmes. Pourtant, la pression ressentie au travail ne cesse de croître. Le travail acharné ne se mesure pas uniquement aux heures travaillées, mais à l'impact psychologique qu'il exerce sur nous. Des études montrent que la moitié des travailleurs ne prennent pas tous leurs congés payés, soulignant une relation paradoxale avec le travail.
En 2019, une étude d'Eurostat a révélé que 59 % des travailleurs de l'Union européenne n'avaient pas été contactés par leur employeur ou leurs clients pendant leur temps libre au cours des deux mois précédents, tandis que 23 % l'avaient été occasionnellement et 17 % plusieurs fois, nécessitant parfois une action immédiate.
La durée effective du travail varie également selon les pays européens. Par exemple, en 2023, les salariés à temps complet en France ont travaillé en moyenne 1.673 heures par an, soit moins que dans la plupart des autres pays européens, à l'exception de la Finlande et de la Suède.
- Le stress professionnel -
Des psychologues ont identifié quatre dimensions clés de la préoccupation excessive pour le travail :
La technologie joue un rôle majeur dans cette préoccupation constante, maintenant un lien permanent avec le travail via nos appareils connectés.
- Catalyseur de stress ou outil de libération -
Depuis la pandémie, les travailleurs européens et asiatiques signalent une baisse significative de leur bien-être, souvent attribuée à une dissociation de plus en plus floue entre vie professionnelle et personnelle. Travailler à domicile, bien que pratique, a brouillé les frontières entre ces deux sphères.
L'intelligence artificielle (IA) s'ajoute à cette dynamique en modifiant notre rapport au travail. Une étude de McKinsey indique que près de 30 % des employés ne trouvent plus de sens à leur travail. Cette perte de repères peut être liée à la vitesse croissante des entreprises et à l'adoption massive de l'IA, qui remplace des tâches autrefois réalisées par des humains. Selon une étude du Cedefop, plus d'un quart des travailleurs européens utilisent déjà l'IA dans leur quotidien professionnel, ce qui nécessite une adaptation rapide des compétences.
Prenons l’exemple des centres d’appels. L’automatisation grâce à l’IA permet de traiter les requêtes clients plus rapidement via des chat-bots. Cependant, cela réduit le rôle des employés humains aux interactions complexes et souvent conflictuelles, augmentant ainsi leur stress et leur charge émotionnelle.
Dans le secteur bancaire européen, l'IA est utilisée pour automatiser la détection des fraudes. Si cela améliore l'efficacité, cela peut également entraîner une charge de travail accrue pour les employés chargés de traiter les anomalies détectées, augmentant ainsi leur stress.
L'IA peut être un atout lorsqu'elle est bien intégrée. Son potentiel réside dans l'amélioration de l'efficacité, permettant aux employés de se concentrer sur des tâches à forte valeur ajoutée. L'objectif ne devrait pas être de remplacer l'humain, mais de le soutenir.
- Un usage équilibré des technologies -
Bien que l'IA puisse libérer du temps, celui-ci est souvent réinvesti dans des activités numériques qui peuvent fragiliser notre santé mentale. En Europe, une enquête harmonisée sur l'utilisation du temps (HETUS) est en cours pour analyser ces tendances. Aux États-Unis, le temps d'écran quotidien moyen est de sept heures, dont plus de deux heures consacrées aux réseaux sociaux. Cette hyper-connectivité engendre une fragmentation de l'attention et une augmentation des troubles anxieux.
Ainsi, un employé de bureau travaillant en mode hybride passe la moitié de son temps en visioconférence, et l’autre moitié à répondre à des e-mails. La charge mentale résultant de cette surcharge numérique peut rapidement conduire à une fatigue décisionnelle et un épuisement professionnel.
Par ailleurs, la structuration des réseaux sociaux en « bulles de filtres » renforce les clivages en exposant les individus à des contenus qui confortent leurs croyances plutôt que de les défier. La vie sociale en pâtit, et la richesse des interactions humaines s'amenuise.
- Une place pour l'IA -
L'IA présente une dualité intéressante :
L'explosion des données et la vitesse des transformations digitales soulèvent une question essentielle : la technologie améliore-t-elle réellement nos vies ? Entre 2000 et 2008, la productivité a connu une croissance fulgurante avec la première vague de numérisation. Mais l'apparition des réseaux sociaux a ensuite capté une grande partie de notre attention, rendant paradoxalement les travailleurs moins concentrés et plus enclins à la dispersion.
L'adoption réfléchie de l'IA pourrait cependant permettre d'atteindre une semaine de travail plus courte, laissant place à des activités plus enrichissantes.
Dans le domaine médical, l'IA permet d’analyser des imageries médicales en quelques secondes, ce qui fait gagner un temps précieux aux radiologues. Plutôt que de les remplacer, elle leur permet de se concentrer sur les diagnostics complexes et la relation patient.
- Une intelligence plus humaine -
L'avenir de l'IA ne repose pas uniquement sur sa capacité à automatiser des tâches, mais sur la manière dont elle peut enrichir l'expérience humaine. Des outils comme MercurySays.com, qui analysent les émotions dans les messages écrits, illustrent comment la technologie peut nous aider à mieux communiquer et à préserver notre humanité.
Francis Walsh, consultant en communication pour le Parlement australien, a démontré que la structure et l'intention des messages influencent directement la perception et les émotions de leurs destinataires. Cette approche met en lumière une opportunité unique : faire de la technologie un levier pour renforcer notre intelligence émotionnelle.
Conclusions
L'IA s'impose comme un acteur incontournable de notre quotidien. Son développement rapide nous pousse à nous adapter, mais aussi à nous interroger sur ses impacts. Plutôt que de la percevoir comme une menace, nous devons apprendre à l'intégrer de manière éthique et équilibrée.
La technologie ne remplacera jamais l'expérience humaine, mais elle peut, lorsqu'elle est bien utilisée, l'améliorer et nous permettre de recentrer nos priorités sur ce qui compte vraiment.
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