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Nous rions, lorsque le cinéma et la télévision nous montrent, sous l’angle de la comédie, des enfants prenant en charge des parents infantiles, incompétents et/ou toxiques. Mais dans la réalité, les choses sont bien plus accablantes…
- Le cadre idéal -
Certains d’entre nous ont eu la chance de naître (ou d’être placé) dans un foyer compétent et aimant, qui leur a permis de grandir en sécurité, de manière digne et mature. Les foyers les plus sains sont reconnaissable (au-delà d’avoir de la nourriture et des vêtements) par des parents répondant présents et démontrant un réel intérêt et une réelle affection, pour que l’enfant puisse faire preuve d’autonomie et trouver sa place dans le monde.
Les étapes d’une éducation et d’un développement humain standard, devrait se faire comme suit :
- L’inaptitude -
Avoir des enfants ne fait pas d’une personne un parent authentique et fiable. De la même façon que ne pas avoir d’enfant, ne signifie pas qu’une personne ne les aime pas ou ne sache pas comment s’en occuper.
Les parents immatures et toxiques font des enfants, principalement pour faire comme tout le monde, dans l’espoir qu’un jour leur enfant s’occupera d’eux, les aidera financièrement et palliera à leur manque de maturité et de leur sens des responsabilités quasi inexistant. Leur enfant n’est ni plus ni moins qu’un objet qu’ils exhibent, quand et comme cela les arrangent, puis qu’ils abandonnent quand ils l’ont assez vu.
Des constantes apparaissent dans le comportement de ces parents, en voici une liste non-exhaustive :
A tout âge, nous avons besoin des autres pour satisfaire nos appels de réconfort, de proximité et d’interaction émotionnelle. Mais les parents pernicieux sont principalement centrés sur eux-mêmes, ils transforment souvent la vérité et la chronologie des autres pour s’offrir un meilleur rôle (jouer les bons samaritains, les héros, les guides, …), ils sont totalement sourds aux dénuements de soutien, d’affection et d’expression, ils ne protègent pas leur enfant, n’éprouvent aucun sentiment de devoir ou de validation vis-à-vis de ce dernier. Ils vont préférer manœuvrer pour faire taire l’enfant, le convaincre qu’il a tort ou qu’il dramatise, allant jusqu’à tenir des propos hors sujet, en ignorant, en rabaissant ou en rejetant l’enfant.
Les parents pernicieux retirent l’enfance à leur enfant et lui font endosser le rôle d’adulte, qu’ils refusent d’exercer eux-mêmes. C’est ainsi que des enfants ont la responsabilité de prendre soin d’eux-mêmes et de leurs frères et sœurs, qu’ils doivent prendre des décisions qui incombent normalement à leurs parents, qu’ils s’occupent des tâches ménagères, voire de la gestion du ménage. Tout ceci sans aide, et gratifié par des remarques déplacées, si l’enfant ne s’est pas montré à la hauteur, de leurs attentes surréalistes.
- La nature de la relation -
S’interroger sur la nature de la relation que nous entretenions avec nos parents, quand nous étions enfants, nous aide à nous comprendre. L’idée n’est pas de juger, puisque le passé est immuable, mais de poser les choses afin de dépister pourquoi, même à l’âge adulte, notre comportement change lorsque nous sommes en présence de nos parents.
Il arrive un moment dans la vie de chacun où il nous faut commencer à nous connecter à nos parents en tant que pairs, et non plus en tant que « papa » et/ou « maman ». Cela peut être difficile, car cela implique de devoir nous émanciper d’injonctions tacites qui se sont insidieusement et profondément ancrées au fil des années :
- Les blessures à guérir -
Il est difficile de se construire lorsque nous avons été victime de parents immatures, incompétents ou toxiques, qu'ils aient été violents physiquement, psychologiquement, absents ou trop intrusifs. Cela donne des adultes qui sont devenus soit le reflet de leurs parents, démontrant parfois davantage de violence psychologique et/ou physique, soit des personnes qui prennent remarquablement soin des autres mais qui se trouvent incapable d’en faire autant pour eux-mêmes, car ils placent par automatisme leurs propres besoins en bas de la liste de leurs priorités, sans spécialement en avoir conscience.
Toutefois certains adultes ayant grandi avec des parents dysfonctionnels font preuve de résilience et sont capables de nouer des relations gratifiantes, de mener une vie épanouissante. Mais cela ne veut pas dire qu’ils sont plus courageux, plus mature, ni plus responsable. Souvent ils développent une dynamique de consolation, un mécanisme aliénant qui devient souvent leur seule façon d'interagir avec autrui et de se sentir apprécié à l'âge adulte.
Dans tous les cas de figures, la souffrance est incandescente et constitue la racine de nombreuses carences : la solitude émotionnelle, l’auto-exigence, l’incapacité à établir des relations solides, le sentiment de culpabilité, la répression de la colère, l’anxiété, les pensées irrationnelles, etc. Et malheureusement faire des reproches à ces parents dysfonctionnels, reviendrait à réprimander un myope pour sa myopie.
- Le processus -
Nous nous épuisons dans une relation toxique qui ne nous correspond pas/plus. Nous ruminons d’être sous l’emprise de ces parents pernicieux. L’image que nous avons de nous, tout comme celle que nous donnons à nos autres proches, est en berne quand nous sommes face à nos parents. Cette situation est une source de conflits et de rancœur, à tel point que parfois nous envisageons de ne plus parler à nos parents ou de couper les ponts définitivement.
Il n’y a pas de recette miracle pour nous détacher de nos parents, et il est conseiller de nous faire aider par un professionnel de la santé mentale. Toutefois, voici quelques pistes :
Nous pouvons leur adresser une missive, écrite en pesant nos mots, mais en exprimant clairement le mal qu’ils nous font et/ou nous ont fait. Mais n’attendons pas à ce qu’ils respect ce courrier et son contenu. L’important est de nous être exprimés franchement.
Nous devons aussi être conscients ce mécanisme de détachement, engendre des émotions qui occuperont une place importante :
Conclusions
Depuis longtemps, nous n’osons pas parler de nos sentiments ou nous montrer notre vrai visage à nos parents. Nous nous rendons compte que nous n’avons pas le même comportements, qu’ils ne nous entendront pas, ne nous comprendront pas et ne nous accepteront jamais. Pourtant, nous continuons à subir leurs sévisses, en nous accrochant à des excuses, qui risquent de nous faire céder sous leurs dictats et nous ancrer plus profondément dans la fausse croyance qu’il n’est pas possible de faire autrement.
Beaucoup de parents n’assument pas leur rôle, et pour compenser, l’enfant est sacrifié en devant mûrir trop vite. Mais dépasser les blessures d’une enfance perdue, aussi difficile que cette tâche puisse paraitre, n’est pas impossible. La thérapie cognitive-comportementale peut se montrer utile pour nous aider à accepter ce qui nous est arrivé, à sécuriser notre enfant intérieur, à le guérir et à accepter qui nous sommes. Nous pourrons ainsi trouver la force d’avancer et de construire le bonheur présent et futur sans rester la victime de nos parents.
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